Hanouka - Apprendre à voir l'invisible par Mariacha Drai
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Hanouka - Apprendre à voir l'invisible

Notre Torah commence comme nous le savons par la lettre ‘beth’ ב ,deuxième lettre de l’alphabet, lettre qui caractérise l’absolue dualité de notre être et de notre monde. Le premier verset de la Torah exprime également cette idée de dualité à travers la mise en place d’un monde fait d’un Ciel et d’une terre. La première lettre de l’alphabet, la lettre ‘aleph’ א n'apparaîtra qu’au troisième mot de la Torah pour introduire l’essence même de l’unicité : D. nommé אלקים. Remarquons également que le א est composé dans sa graphie d’un ‘vav’ et de 2 ‘youd’ ce qui fait 26 en valeur numérique des lettres. Il s’agit de la valeur numérique d’un autre Nom de D., le Nom de la ‘havaya’- le tétragramme. La deuxième fois qu'apparaît un aleph introduisant un mot c’est pour décrire la toute première création de D’ : la lumière – אור. Il s’agit ici d’une lumière première qui initie tout le processus de création qui va suivre. Il ne s’agit pas là de la lumière du soleil qui elle, ne sera créée que le quatrième jour de la création.

Quelle est donc la consistance de cette lumière s’il ne s’agit pas d’une lumière photonique ? Cette lumière primordiale correspond à la force spirituelle qui donne vie à la lumière que nous connaissons, celle issue du soleil.

Dès sa création, D. caractérise cette lumière en disant qu’elle est טוב. Que peut donc signifier l’adjectif ‘tov’ (bon) concernant une lumière spirituelle ? Le mot טוב représente la capacité à mettre en lien 2 éléments distincts. Quand 2 éléments se lient pour créer une complémentarité et ainsi atteindre une unité, le mot ‘tov’ prend tout sonsens. Le mot ‘tov’ exprime donc le passage de la dualité vers l’unicité. C’est donc la première fonction de la lumière primordiale.

Si cette lumière n’est pas une lumière physique et visible, avons-nous toutefois la possibilité d’y accéder ? Le Bné Issakhar, grand maître de la hassidout, nous fait remarquer que la lettre ‘Tet’ du mot טוב est ornée de 4 couronnes dans le sefer Torah, ce qui est tout à fait inhabituel. Le ’tet’ vaut 9 en valeur numérique, que nous multiplions par les 4 couronnes, et ainsi nous obtenons les 36 bougies de Hanouka (1+2+3+4+5+6+7+8). Le ‘vav’ et le ‘beth’ restant correspondent aux 8 jours de Hanouka (6+2). La lumière de la hanoukia est en effet une lumière qu’il nous est interdit d’utiliser. Pourtant, la toute première fonction de la lumière c’est bien qu’elle est utile et qu’elle sert à éclairer. Le ‘shamash’ est là afin de diffuser une lumière utile, photonique issue du ‘shemesh’ - du soleil. Les 8 flammes de Hanouka, quant à elles, sont des flammes issues de la lumière de ‘bereshit’, du אור initial.

 

On ne peut les utiliser car la lumière qu'elles portent est spirituelle et de ce fait, ne peut être concrétisée par une flamme habituelle. Ce sont des flammes qui transcendent le monde du visible... Nos yeux ont été conçus pour pouvoir voir le corps ou l'écorce de ce qui est créé dans le monde, cette lumière porte en elle le SENS de ce qui est créé dans le monde. Le ‘aleph’ introduit toujours des mots qui expriment l’intériorité, la lumière spirituelle et donc l’essence même de ce que D’ a créé.

Prenons quelques exemples :

אור – la lumière intérieure ;

אושר – le bonheur intérieur ;

אני – mon être intérieur.

Prenons ces même mots en remplaçant le ‘aleph’ א exprimant l’intériorité par un ‘ayn’ ע - lettre de l’alphabet qui exprime la superficialité de toute chose. (Ayn veut également dire ‘œil’ en hébreu, c’est donc une lettre qui introduit des mots exprimant la partie visible et donc superficielle de toute chose) :

אור / עור – la peau : partie visible qui porte notre lumière intérieure

אושר / עושר – la richesse : partie visible et matérielle qui porte la réelle richesse intérieure

אני / עני – un pauvre : partie visible qui porte l’être intérieur

אין / עין - l’œil qui voit le visible mais incapable de voir ce qui ne porte pas d’enveloppe corporelle.

 

La flamme de Hanouka est donc là pour nous apprendre à voir le אור derrière le עור ,à voir le אושר derrière le עושר ,à voir le אני derrière le עני et le אין que ne peut voir notre עין.

Ainsi, notre dualité absolue pourra tendre vers l’unité entre le visible et l’invisible, entre le corps et l’esprit. Il s’agit là d’un apprentissage essentiel qui nous permet d’accomplir notre mission. Chaque être créé se doit de tendre vers une unité au sein de sa propre personne. De même, le regard que nous portons sur le monde sera d’autant plus profond que nous serons capables de déceler l’intériorité.

Que les flammes de Hanouka qui portent en elles le secret de la spiritualité puissent nous accompagner tout au long de l’année afin que notre vie soit remplie de la lumière de la Création !

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1 Commentaire(s)
    • Yael
    • 11 Déc. 2023

    D une beaute sans nom cette article ou plutot d une beaute invisible !!!!!! Merci je me suis regaler

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Retrouvez la biographie de Mariacha Drai sur essentiELLE
Mariacha Drai

Enseignante de Torah, conférencière, thérapeute de famille et de couple, hypnothérapeute, rabbanite, mère de 6 enfants, Mariacha a débuté sa carrière en tant qu’ingénieure en Israël.

Lors de son retour en France, elle se reconvertit et se dédie à ses passions : l’enseignement de la Torah et le questionnement identitaire.

C'est au séminaire d'Ofakim dirigé par le Rav Cohn que Mariacha a été formée à l'étude des textes bibliques et des commentaires . Plus tard, elle poursuit son apprentissage et se tourne vers les enseignements de Rav Moshé Shapira z"l et du Rav Pinhas Friedman et de facon plus générale vers la Hassidout. 

Elle commence par enseigner à des lycéennes qu’elle suit jusqu’à leur mariage et organise le premier séminaire Bohi Kala dès 2015. Sa carrière de conférencière est lancée, son auditoire s’élargit géographiquement et démographiquement ! Elle intègre alors l'équipe Lev du Rav Elie Lemmel. Des femmes de tout âge et de tout niveau spirituel suivent ses cours. 

Aujourd'hui Mariacha Drai est thérapeute de famille et de couple et enseigne la Torah à travers conférences et séminaires.


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