Chère Papa, chère Maman,

Si tu entends de façon récurrente de la part des acteurs de la scolarité de ton enfant : « Loulou n’y arrive pas, il est à la traîne sur tel apprentissage, Ohlala ! ça va être compliqué au cp, il bouge sans cesse, rêve, n’automatise pas , Ohlala ! ça va être compliqué au ce1, ne retient pas, écrit trop lentement, oubli des mots, participe de façon anarchique et ne semble pas respecter les tours deparole, Ohlala ! ça va être compliqué au Cm1, n’inhibe pas des remarques non pertinentes, ne semble pas comprendre les consignes, parle trop en classe avec ses camarades et pas assez lorsqu’on l’interroge, OHLALALALALA comment fera-t-il/elle au collège ?????? etc…… » ; RESPIRE et poursuis ta lecture ! Il est juste probable que Loulou présente un besoin éducatif particulier (BEP).

Kezako ?

-C’est un ou plusieurs obstacles ou contraintes que ne rencontrent pas la majorité des élèves et qui impactent la relation à l’école et aux apprentissages.

- CE N’EST PAS réservé aux enfants en situation de handicap. En effet cela peut concerner également de façon non exclusive et non exhaustive- :les loulous en difficulté scolaire persistante, ceux présentant un profil cognitif de haut potentiel, les élèves allophones, ceux qui expérimentent ponctuellement ou durablement une situation sociale ou familiale délicate, les élèves qui présentent une condition physique impliquant de nombreuses absences, ceux qui présentent un ou plusieurs troubles des apprentissages etc…

Bon, ca concerne tout le monde finalement ? Non, mais beaucoup d’élèves qui sont, par défaut et à tort, considérés comme fainéants, opposants, démobilisés ou pire encore… inintelligent.

Mais que peut-on faire ?

D’après le cadre légal… à peu près tout ! En effet, depuis 2005, la loi – en constante évolution – prévoit de très nombreux dispositifs et aménagements afin d’optimiser la scolarisation de tous les élèves, quels que soient leurs profils. Les dispositifs les plus populaires sont les unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) , qui accueillent des publics spécifiques d’élèves en situation de handicap et de troubles spécifiques des apprentissages en effectif restreint et avec des modalités d’apprentissages adaptées pour permettre à tous les profils de progresser dans leurs acquisitions. Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) constituent aussi des ressources précieuses. Ils permettent de mener à bien les adaptations conceptualisées par les enseignants et médiatisent souvent les notions à acquérir.

L’adaptation et la différenciation pédagogique par les enseignants aux besoins spécifiques des élèves restent les prérequis à l’accueil et à la prise en charge de ces élèves, pour une démarche progressive.

De très nombreuses autres ressources existent, et gagneraient à être développées dans un article dédié !

En pratique… c’est une autre histoire, un peu au bon vouloir des équipes pédagogiques, en écoles privées notamment, même si la prise en charge des élèves à besoins particuliers évolue globalement dans le bon sens.

Et comment fait-on ça ?

Il s’agit d’abord d’identifier précisément les BEP. Pour cela, l’observation des élèves en situation d’apprentissage reste la meilleure option. Se poser la question « Comment l’enfant s’installe-t-il ? Que fait-il de façon autonome et sans guidance ? A quel point est-il motivé ? concentré ? fatigable ?

Comment sont ses interactions avec ses pairs d’âge ? avec les adultes ? … ». Cette observation doit être systématique et dans l’objectif d’inférer des déclencheurs, des points forts à exploiter et des axes à consolider et veiller à ne pas enfermer l’élève dans un « diagnostic pédagogique ». Il est également pertinent de varier les modalités de support d’apprentissage, et parfois faire preuve de créativité.

La métacognition s’avère être un outil précieux dans l’identification de certains processus d’apprentissage. Cela permet aux élèves de prendre conscience de leur façon d’apprendre et d’identifier précisément l’étape, au cours du processus, qui peut altérer l’acquisition des connaissances. Il s’agit d’établir une démarche réflexive dans laquelle l’élève est interrogé sur les procédures qu’il mobilise pour apprendre, mémoriser ou comprendre.

En gros c’est ne pas se contenter du gâteau, mais demander au pâtissier sa recette !

Formaliser son ressenti par rapport à la tâche et prendre conscience des outils qui lui paraissent plus efficaces pour l’acquisition d’une notion donne en outre la possibilité à l’élève de reproduire cette « recette » dans une autre situation d’apprentissage.

S’informer et se former est fondamental pour accueillir des élèves avec des spécificités d’apprentissage. Interroger sa pratique pédagogique permet d’évaluer autrement, d’attendre des performances au plus justes des capacités de l’élève, et d’être flexible quant au timing d’acquisition qui varie sensiblement pour certains élèves.

Investir les équipes pluriprofessionnelles est également un incontournable pour construire un projet pédagogique optimal et observer des progrès significatifs et durables . Enfin, quel que soit l’âge de l’élève, il est nécessaire de l’impliquer dans son projet pédagogique pour le mobiliser et optimiser sa motivation.

Yael Vanessa Bredoire, Psychologue, 75019, bredoirevanessa@gmail.com