LEFARGEN – Verbe du premier groupe de l’humanité par Hava
Développement Personnel

LEFARGEN – Verbe du premier groupe de l’humanité

  • Hava
  • 17 Oct. 2021
  • Durée : 20 min

 L’humanité se divise en deux groupes, ceux qui sont capables d’être MEFARGEN, et ceux pour qui cela demande un effort indépassable.

 

Lefargen – le verbe

Être Mefargen - l'action

Le Firgoun – le substantif

Fargen – l’impératif

 

Ce verbe certainement issu du yiddish, est utilisé en hébreu pour désigner la capacité à valoriser quelqu’un, à “augmenter son être” (pour parler spinozien).

 

 

En situation de firgoun, l'être de l’autre est augmenté par la générosité d’esprit et le bonheur que l’on éprouve quand il lui arrive quelque chose de positif, que l’on est capable de s’en réjouir et de l’exprimer, même si nous ne nous sommes pas directement concernés. C’est un partage qui est essentiellement tourné vers l’autre, et c’est ce qui le particularise.

 

 

On peut être mefargen, en faisant un compliment à quelqu’un, bien évidemment; en prêtant attention à ce qu’il dit, en riant à ses blagues si on les trouve drôles (alors qu’on pourrait aussi feindre l’indifférence), en arrivant à l’heure à la fête qu’il donne pour lui signifier qu’elle a de l’importance pour nous.

 

 

Au delà de la générosité (classiquement comprise) qui consiste le plus souvent à donner de ce que l’on a, de ses biens, de ses capacités, de son temps; le firgoun consiste davantage à donner de ce que l’on EST. Et en ce sens, il possède la caractéristique particulière d’être INSUBSTITUABLE: personne ne peut le donner à ma place.

 

 

Bref, lefargen c’est donner quelque chose de soi, qui est le plus souvent impalpable concrètement, qui matériellement ne coûte pas, mais qui rapporte à celui qui le reçoit. Pour le dire de manière plus générale: être mefargen c’est être heureux pour l’autre de ce qu’il est, de ce qu’il a.

 

 

Cette explication resterait cependant insuffisante pour rendre compte de l’importance de ce verbe intraduisible en français, si on ne soulevait pas ce que la spécificité de ce partage implique. Etre mefargen c’est envisager avec une générosité particulière la dialectique de la relation de soi à l’autre et par conséquence directe, ce que cela nous renvoie de nous-mêmes.

 

 

Déclinaison des niveaux de firgoun

 

 

1) JE donne de la valeur donc je suis

 

Si je dis à quelqu’un : “Je t’apprécie” ou encore “Je t’aime”; je signifie qu’à mes yeux, cette personne a de la valeur. En exprimant cela, j’indique que JE l’estime, que JE lui trouve des qualités digne d’amour… Je dis donc que, moi qui ai une certaine valeur, je lui en reconnais une.

 

 

En étant mefargen cette personne, je n’ai pas oublié de “me servir au passage”… c’est ce qui en fait le niveau le plus bas du firgoun.

 

 

On peut élargir cette première posture à celui qui pressentant la valorisation potentielle que procure le firgoun, s’empresse de chanter les louanges d’un alter ego absent, ou de toutes façons moins bon que lui. Il apparait ainsi comme celui qui reconnait une certaine valeur à l’autre, sans risquer grand chose pour autant.

 

 

 

 

 

 

2) TU as de la valeur donc tu es

 

 

Quand je dis à quelqu’un : “C’est extraordinaire que tu sois aussi inventif et aussi créatif tout en étant si drôle” (ça c’est du compliment!),

 

 

Je mets l’accent sur ce que l’autre est, davantage que sur moi qui énonce ces qualités. J’insinue même que je les admire d’autant que j’en suis peut-être dépourvu, ou que je les possède à un niveau moindre que celui que je reconnais à l’autre. En ce point, on peut alors dire que le firgoun est l’exact contraire de la jalousie…

 

 

Il y a là plus de générosité à être mefargen que lorsque je m’assure de rapporter mon compliment à ce que je suis. En effet, je prends le risque de “perdre” à reconnaître à l’autre ce qu’il représente pour moi, quitte à le placer au-dessus de ce que j’estime être. (Sans compenser en me gratifiant au passage d’être cette personne extraordinaire qui se manifeste.)

 

 

 

 

 

 

Mais il existe encore un niveau supérieur de firgoun.

 

 

3) TU as de la valeur et tu m’en donnes, donc je suis

 

Si je dis à quelqu’un : “Tu es cette personne incroyable qui, de par ce qu’elle est et ce qu’elle m’apporte, rend effectives mes qualités potentielles, me permet de devenir ce que je voudrais être.”

 

Je reconnais ce que cette personne me donne de très particulier: je lui exprime que je gagne par elle à être ce que je ne serais pas sans cela.

Non seulement elle est plus que moi, mais c’est grâce à ce qu’elle m’apporte que je suis heureux, que je grandis, voire que je suis devenu ce que j’aime être.

 

 

 

 

 

 

Conjuguer le soi et l’autre

 

 

Que gagne-t-on pour soi à être mefargen? Pourquoi avons-nous parfois le sentiment d’y perdre quelque chose de nous-mêmes?

 

 

Je pose que l’on gagne toujours à être mefargen, et ce quel que soit le niveau de firgoun exprimé. Je voudrais tenter de rendre compte de ce bénéfice, tout en expliquant pourquoi malgré tout si peu de gens s’empressent d’être mefargen ; ce qui nous expliquerait notamment pourquoi ce verbe n’existe pas en français.

 

 

La résistance massive au firgoun provient le plus souvent de cette crainte de perdre quelque chose de soi, ou plus précisément de cette difficulté à “lâcher” ce qui pourrait donner une certaine supériorité à l’autre. Cela semble assez évident, et pourtant. Être mefargen c’est donner quelque chose d’insaisissable matériellement, qui ne se vend ni ne s’achète (à moins de n’être que de la basse flagornerie), que l’on est seul à posséder ou du moins à pouvoir produire comme tel, et c'est donc non substituable. En effet, la valeur que je peux reconnaître à l’autre est singulière, unique. Elle m’appartient dans ce que je suis en propre.

 

 

Et donc, au moment d’avoir à m’en défaire -à l’idée d’être mefargen– peut naître le sentiment d’une certaine force que je possède à pouvoir m’exprimer en ce sens, et donc l’illusion d’affirmer ma puissances si je m’en abstiens. Il y a là comme une erreur de calcul ou de perception. Car la puissance qui se manifeste par la possibilité que nous avons à valoriser les autres, n’est que potentielle ; elle ne devient effective que par le passage à l’acte.

 

 

 

 

 

Conclusion

 

Malgré ce que l’on pourrait ressentir spontanément, ce n’est pas en retenant le firgoun qui ferait grandir l’autre que je gagne en valeur, mais seulement en lâchant cette part non substituable de moi-même. Car je manifeste -même à partir de mots et de gestes communs à tous- mon unicité d’une part, et ma valeur à être celui qui peut produire un gain d’être chez l’autre à partir de ce que je ce que je suis en propre, d’autre part.

 

 

Le firgoun se conjugue par tous les temps et sur tous les modes. Un like, un sourire, une façon d’écouter, un merci, un compliment, un commentaire pertinent sur ce que l’autre dit, un retour sur ce que sa présence me donne à ressentir, la manifestation de ma joie à propos de ce qui le réjouit, la considération particulière de ce qu’il représente d’unique pour moi et/ou pour les autres, l’expression de mon envie d’apprendre de ce qui est, de ce qu’il sait, la façon dont ce qu’il a construit est devenu un idéal à atteindre… Contrairement à la générosité « classique » qui exige d'avoir, de posséder quelque chose pour pouvoir donner, personne ne manque de moyens ni d’occasions d’être mefargen : il est juste nécessaire d’être quelque chose.

 

 

 

Alors sois généreux de ce que tu es, quoi que tu sois: FARGEN! Lâche quelque chose, car une de tes plus belles qualités, celle qui te donne une vraie valeur, c’est justement ta capacité à être mefargen!

 

 

Exprime le bien que l’autre te fait lorsqu’il te donne l’occasion de t’affilier « au premier groupe de l’humanité ».

 

 

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4 Commentaire(s)
    • Aurelia
    • 18 Oct. 2021

    ‘Hazak Hava ! Interessant et très agreable à lire :) Merci !! :)

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4 Commentaire(s)
    • anais
    • 18 Oct. 2021

    Si jai bien compris le Firgoun cest le fait de donner a l’autre sans attendre un retour quelconque, juste la volonte de le faire exister a travers mon don ?

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4 Commentaire(s)
    • Carole
    • 26 Oct. 2021

    Excellent article riche d’enseignement sug soi . Merci beaucoup

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    • Carole
    • 26 Oct. 2021

    Sur soi

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Retrouvez la biographie de Hava sur essentiELLE
Hava

Spécialiste en coaching de rencontres, pour répondre à toutes vos questions "de cœur".

Professeur de philosophie, formatrice certifiée, coach certifiée, psy-coaching et philo-coaching, psychanalyse.

Chadhanith (en réseau sur Kesher).

Elle développera également des réflexions plus générales sur l'intelligence intra-relationnelle et inter-relationnelle en mode "philosophie pratique" .

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