La promesse d'un monde meilleur, oui mais laquelle ?
- Hava
- 12 Oct. 2021
- Durée : 10 min
La promesse d'un monde meilleur, oui mais laquelle ?
La promesse est le seul moyen que nous avons d'accélérer le temps vers le futur. Elle offre la possibilité de se projeter dans ce qui sera, avant même que la réalité ne nous y plonge. Elle est de ce fait d'une grande puissance, car elle dédouble la réalité en rajoutant à ce qui aura lieu, le fait que ce soit "comme déjà là", dès à présent.
Sa puissance évocatrice représente pourtant un double piège: pour celui qui la reçoit, car en cas de promesse non tenue, la déception double, mais aussi pour celui qui la fait... Effectivement, en se projetant grâce à des mots dans un accomplissement virtuel de ses intentions, le faiseur de promesse, se vit déjà comme ayant acté sa bonne volonté à vouloir faire.
On en a tous déjà fait l'expérience: celui qui promet se vit déjà dans l'illusion d'être une grande âme. Et ce sentiment, alimenté par l'heureuse attente de celui qui reçoit la promesse, trompe le parleur qui se sent déjà enivré par ses belles intentions. Les mots qu'il s'entend dire, le gratifient d'une satisfaction de lui-même alors qu'il n'a encore rien fait...
Mais plus encore. L'engagement dans lequel nous plonge la promesse, peut être de nature à plomber notre désir de faire ce que nous avions prévu. En effet, notre action future appartient déjà à l'autre, et ce avant même d'avoir mobilisé l'énergie nécessaire à l'accomplir. Nous sommes désormais devant le fait de lui "devoir" quelque chose. L'obligation qui en découle remplace le désir à l'origine de la promesse. C'est une posture plus contraignante et souvent moins gratifiante que le plaisir naturel que nous pouvons avoir à donner.
Et donc, pour conclure, nous dirons que paradoxalement, la promesse peut facilement se transformer en un piège pour l'action. Vous noterez vous mêmes que se sont souvent ceux qui en font le moins qui s'en servent le plus...
Alors comment éviter ce piège ? Ne cédons pas à la tentation du "double-bénéfice" qu'offre la promesse, car c'est souvent une "double-déception" qui attend celui qui y croit. Parce que c'est justement le fait d'avoir promis qui nous expose à la défection. Plutôt que de nous projeter grâce à des beaux discours, empressons nous d'exécuter au plus vite ce qui nous semble important: la rapidité à entrer en action est en définitive le meilleur moyen d'accélérer le temps.
L'humilité du "Bli Neder" s'impose pour accompagner tout engagement verbal. Il nous rappelle que la promesse au sens fort, est certainement de l'ordre du divin. Pour nous faibles humains qui avons le mot facile, limitons les discours d'intention pour faire place aux actes. Parler moins serait le meilleur moyen d'en faire davantage, nous le savons tous déjà que trop. Mais il y a là un degré supplémentaire de vigilance à observer: moins de promesses pour privilégier le "déjà fait", et le monde sera forcement meilleur pour chacun.