«L'âge ne vous protège pas des dangers de l'amour. Mais l'amour dans une certaine mesure, vous protège des dangers de l'âge.»

(Jeanne MOREAU)

Si le désir d'immortalité est contraire à la raison, celui de l'éternelle jeunesse reste très vivace en chacun, et de plus en plus dans une société où l'obsession de la santé a quasiment pris le pas sur celle du bonheur lui-même. 

Faute d'être en mesure de viser quelque chose d'aussi flou (et d'aussi abstrait dans une certaine mesure) qu'est le bonheur, le temps qui passe fabrique sur sa lancée un objectif ultime: celui d'effacer sa trace.

Et si la véritable jeunesse consistait à aimer encore, et notamment à rester capable d'aimer LES AUTRES, et non pas seulement soi-même ?

Le culte du jeunisme n'est en définitive qu'une ultime façon de se tourner vers soi, de s'occuper de sa petite personne, de céder à la tentation de l'égoïsme. Le temps qui passe nous fait vieillir, déjà parce qu'il a pour premier effet d'installer des rides dans notre coeur, et de fragiliser notre capacité à se tourner vers les autres, et à les aimer. 

Et si être aimé en retour (parce qu'il ne faut pas rêver que l'on sera aimé si on ne se préoccupe de soi, et de la conservation de notre apparence), était le meilleur des botox ?

Et si la véritable jeunesse n'était qu'un regard extérieur chargé d'amour ? C'est si effarant d'être dépendant de la reconnaissance des autres, et tellement aléatoire, que l'on comprend bien comment les slogans qui prônent que s'aimer soi-même est la clé du bien-être, ont fleuri.

Être désiré pour ce que nous sommes au delà de notre apparence, c'est à dire pour quelque chose qui persiste en nous parce qu'il est justement le fruit de notre propre désir, fait vibrer cette part d'un moi immortel.

Aimer et être aimé en retour, est le défi le plus risqué de toute existence. Et vieillir ce serait peut être abandonner cette bataille comme malgré soi; par peur, mais aussi parce que le temps qui passe augmente la conscience que nous avons de l'incroyable difficulté de cet exercice.

Rester jeune c'est avoir développé les moyens d'être aimé encore, avoir donné suffisamment ET CONTINUER À LE FAIRE pour que notre existence compte encore pour ceux qui nous entourent.