Pourquoi est-il si difficile de tomber amoureux ?
- Hava
- 14 Sept. 2021
- Durée : 3 min
Pourquoi est-il si difficile de tomber amoureux ?
Pourquoi avons-nous l’impression qu’il est plus difficile de trouver l’âme sœur de nos jours ? Pourquoi certaines personnes se posent encore la question de savoir à quoi l’on reconnait que l’on est amoureux ?
Comment savoir si c’est la bonne personne? Pourquoi est-il si difficile de s’engager même quand on a le sentiment d’aimer ?
Pour tenter de lancer des pistes sur ces questions aussi cruciales que difficiles, je voudrais commencer par m’éloigner des explications psychologisantes qui ont tendance à simplifier le problème, mais surtout à proposer des pseudo-réponses toutes faites : « Il faut s’aimer soi-même pour pouvoir aimer les autres », ou pire encore « Il faut s’aimer soi-même pour susciter de l’amour »…
Je vous propose d’aborder ces questions sous un angle différent : en tant que problème social et collectif avant d’être un problème personnel, même si évidemment, il incombe ensuite à chacun de le résoudre de façon singulière. En effet, le sentiment amoureux est d’une certaine manière peu compatible avec notre société capitaliste moderne, où une grande partie de notre idéologie est centrée sur l’épanouissement personnel, la consommation et l’individualisme. Or « tomber » amoureux, nécessite non pas seulement d’en vouloir davantage, mais avant d’y parvenir, d’accepter un certain lâcher prise. Apprendre à se défaire de ce moi total que l’égoïsme cultive et préserve, pour s’envisager manquant. A l’heure où tous les regards sont rivés vers l’autonomie et la liberté d’être soi, tomber amoureux demande d’accepter et même de vouloir se construire sur la base d’une certaine dépendance affective.
Aimer c’est donc se perdre, prendre des risques, s’exposer à la peur de la perte de l’objet d’amour, et abandonner une part de ses certitudes pour vivre exposé aux variations du désir de l’autre. C’est en tous points contraire à toutes les injonctions qui ont pour but de valoriser l’individu, de renforcer sa totale liberté de choix et d’action, et de défendre son intouchable intégrité. C’est ainsi que paradoxalement, à l’époque où des centaines d’applications proposent de trouver l’homme ou la femme parfaite, on a justement le sentiment qu’il n’est plus si simple de tomber amoureux et a posteriori de le rester ! Pour aborder ce paradoxe, nous ne pouvons faire l’économie d’une réflexion sur notre façon de consommer les relations, sans oublier de démonter quelques clichés simplistes sur le célibat par choix, et sur la façon dont il faut manager les rencontres.
Peut-être nous faut-il apprendre aux hommes et aux femmes à renouer avec ce sentiment incroyablement fort et parfois douloureux qu’est l’amour pour un autre. La dépendance n’est pas forcément à fuir, la fragilité qui résulte du sentiment amoureux existe, elle est incontournable, et chercher à l’éviter à tout prix, c’est peut-être se condamner à ne plus jamais aimer. A une époque où le développement personnel bat son plein, comment pouvons-nous nous abandonner à une autre personne sans passer pour quelqu’un d’irresponsable ou d’idiot ? Parce que l’amour, c’est entre autre apprendre à détourner son regard de soi et de ses intérêts immédiats, pour se tourner vers l’autre dans son altérité irréductible. Il ne s’agit pas d’envisager l’autre comme le miroir qui nous permettra d’obtenir une plus belle image de nous-mêmes, et c’est pourtant l’attitude de la plupart de ceux qui disent chercher l’âme sœur.
Pour tomber amoureux, il faudrait donc globalement accepter qu’aimer c’est prendre le risque de souffrir et de faire souffrir. Dans une société où l’impératif premier est le confort, le bien-être, voire le bonheur absolu ; comment vouloir et désirer ce qui, de par sa nature propre, est déjà considéré comme un compromis ?
Questions à venir:
Doit-on choisir entre aimer et être heureux ?
Sommes-nous capables de changer quelque chose en nous ?
Faut-il fonder sa recherche sur des critères, si oui lesquels ?
Exotisme ou similitude, toutes nos différences nous séparent-elles ?
La magie d’une rencontre peut-elle se programmer ?
Le manque de feeling peut-il se travailler, comment et jusqu’où ?
Le sentiment amoureux est-il amené à disparaitre, à se transformer ? Quelle est la part que nous avons dans son évolution ?
Hava se propose de répondre à toutes les questions et commentaires que vous ferez sur cette première ouverture du débat sur vos questions de cœur, celles des rencontres et celles de la construction du lien amoureux.
Vous pouvez également poser des questions plus personnelles qui seront traitées de façon anonyme, et feront l’objet de textes ou de podcasts généraux pour en faire profiter le plus grand nombre et enrichir la réflexion de tous.