Je vous parlais dans mon article précédent des émotions qui nous animent. Dans ce nouvel article je vais vous expliquer comment ces émotions provoquent en nous des besoins.

Je vais commencer par un exemple :

« Une maman a passé l’après midi à faire le ménage et lorsque son adolescent rentre il met de la boue de partout sans s’en soucier. Elle éprouve alors une émotion de colère (mais ça peut aussi être du découragement, de la tristesse, du dégout etc… ou un mélange de plusieurs émotions). Et émerge alors un ou plusieurs besoins : « besoin de propreté », « besoin de respect » « besoin  de compréhension » etc…

Aussi fréquemment que nous vivons des expériences quotidiennes et éprouvons des émotions émergent des besoins. Et c’est donc sur les besoins, vos besoins que je souhaite mettre l’accent ici.

Un besoin est un moteur pour l’équilibre et l’épanouissement. Certains besoins sont visibles d’autres moins. Une émotion désagréable indique bien souvent un besoin insatisfait, négligé, ignoré tandis qu’une agréable indique un besoin satisfait (ex « je me sens détendue car j’ai pu me reposer aujourd’hui. »)

Il est important lorsque nous regardons nos émotions de prendre le temps aussi d’identifier les besoins qui en découlent, et ceux qui sont parfois moins évidents à apercevoir.

Pour pouvoir nourrir nos besoins profonds nous devons les accepter et cesser de les juger : de nous juger. « J’en ai marre d’avoir besoin d’aide ». « J’en ai marre d’avoir autant besoin de la reconnaissance des autres ». En acceptant de nommer nos propres besoins nous sommes alors dans une démarche active qui se tourne vers l’extérieur (et non plus une démarche intérieure  comme décrypter nos émotions). Cela nous permet de prendre nos responsabilités en main pour tracer notre propre chemin.

Une fois que l’on a identifié nos besoins insatisfaits l’étape suivante est de les exprimer à l’autre afin de pouvoir satisfaire ces besoins.

Certaines personnes en sont plus capables que d’autres car elles disposent d’une aptitude qu’on appel « l’assertivité ». L’assertivité est une capacité à pouvoir s'exprimer, à défendre ses droits, son opinion, sans empiéter sur ceux des autres. C'est une personne qui sait écouter ses propres besoins mais aussi ceux des autres sans en être touché ou « attaqué » dans son sentiment d’identité.

Bon nombre de problèmes de communications et de malentendus seraient bien évités si nous pouvions exprimer nos besoins sans attendre que la marmite explose ou sans les dire de manière brutale ou agressive car nous même sommes confus dans ce que nous vivons. Que ce soit dans le couple mais aussi dans chaque interaction et lien social (familial, professionnel etc…).

Reprenons l’exemple de cette maman.

Si elle se sent submergée par les émotions lorsqu’elle voit son adolescent tout salir, et qu’elle ne prend pas de recul sur ses besoins à ce moment là, le risque est qu’elle s’adresse à lui avec agressivité, confusion et cris qui seraient contre productif et le braqueraient.

Par contre, si elle arrive à comprendre à ce moment là qu’elle ressent une émotion de colère et de tristesse elle va pouvoir identifier les besoins qu’elle éprouve. Une fois qu’elle a compris qu’elle a besoin que son fils se montre plus attentif envers elle, l’étape d’après va être de lui restituer son besoin dans un langage calme et claire. Il ne faut pas hésiter à attendre un peu que les émotions redescendent. Car son but est d’arriver à ce que son besoin soi entendu et non rejeté car formulé agressivement. « Je me sens découragée car j’ai passé l’après midi à nettoyer toute la maison afin qu’on s’y sente bien. Tu n’as peut être pas fait attention mais en rentrant tu as tout salis. Pourrais tu te montrer plus attentif les prochaines fois s’il te plait ? »

Cette maman aurait pu soit :

-     garder pour elle tout ce qu’elle ressentait et cela se serait accumulé dans sa tête dans un dossier contre son fils avec tous ses reproches. Jusqu’au jour où ça aurait éclaté de plus belle, quand le dossier intérieur aurait été remplit à raz bord. Et qu’elle ne se serait pas écoutée réellement tout ce temps.

-     Exiger de son fils au lieu de lui demander et donc l’obliger, dans une démarche autoritaire

Que ce soit les fois où l’on ne formule pas ses besoins, ou les fois où on les formule sans prendre le temps de les présenter correctement, il y a de fortes probabilités que le résultat aboutisse à envenimer nos relations, et donc nous sentir mal.

De plus, cessons de penser que les autres devraient connaitre nos besoins. Parfois on pourrait dire : « si tu m’aimais tu saurais ce dont j’ai besoin » ou « si tu me comprenais tu saurais ce dont j’ai besoin ». Non, les autres ne peuvent pas deviner vos propres besoins si vous ne les leur avez jamais formulé clairement. Nous avons tous des frustrations et des angoisses mais en prenant la responsabilité de nos besoins nous nous mettons en route pour les satisfaire.

Parfois, peut être il va falloir du courage pour arriver à formuler ses besoins à quelqu’un qui n’est pas forcément prêt à les entendre. Cela demande une force d’exprimer son avis quand même, même si l’on a peur de blesser la personne en face ou de ne pas être compris.

Si ce besoin nous est important et nous tient à coeur il doit être formulé, mais avec respect. En ayant pris du recul, et formulé son besoin de manière posée, réfléchie et bienveillante.

Il ne s’agit pas de balancer des phrases blessantes sous le coup de la colère, faire preuve d’une honnêteté sans bornes ou d’exiger de l’autre qu’il se plie à nos besoins. Cela doit être fait dans une démarche constructive pour satisfaire un besoin intérieur et non dans la démarche d’attaquer l’autre gratuitement.

(Il ne faut bien évidemment pas interpréter des situations sous le coup des émotions sans avoir de réel recul car alors on ne verrait pas les choses clairement).

Ainsi, communiquer nos besoins nous permet de nous exprimer, mais aussi de savoir poser nos propres limites à l’autre.

Si vous voulez en apprendre d’avantage à ce sujet vous pouvez vous renseigner sur la communication non violente (CNV).

Orilia Korchia, psychologue clinicienne et psychothérapeute

Orilia.korchia@yahoo.com