Nos émotions, les entendre et les comprendre
- Orilia Korchia
- 02 Nov. 2023
- Durée : 9 min
Dans cet article j’aimerais vous sensibiliser sur vos émotions car il me semble essentiel pour arriver à se comprendre soi même, et être bien dans ses relations aux autres, d’essayer d’appréhender ces émotions qui nous traversent à chaque instant.
Une émotion est une réaction intérieure, c'est à dire ce qu’un individu ressent, face à un événement extérieur. Elles font partie intégrante de notre quotidien et de la personnalité de chacun et sont variables d’un individu à l’autre. Chaque personne est déjà passée par une multitude d’émotions au cours de sa vie (joie, dégout, frustration, surprise, peur, fierté, déception etc…).
Chacun vit ses émotions différemment, car chacun perçoit différemment les situations. Cela dépend des expériences passées, de l’éducation etc… Là où certains vont ressentir leurs émotions sans trop paraitre impacté, d’autres peuvent avoir des vécus d’extreme. Parfois les émotions peuvent devenir envahissante, empêcher la réflexion ou l’action et le seul moyen de revenir à un état de calme intérieur nécessite de prendre de la distance, de respirer etc…
Peut importe comment vous les vivez posez vous la question : est ce que je connais vraiment mes émotions ?
Est ce que vous sauriez définir chaque émotion que vous traversez ? Vous me direz peut être que c'est si évident que vous ne trouvez pas les mots pour les expliquer… quelque chose de si simple mais pourtant si complexe en soi. Qu’est ce que la colère, la tristesse, la joie, la peur etc… Qu’est ce que ça provoque en vous ? Par quelles situations c'est déclenché ?
Savoir répondre à ces questions là est un apprentissage. Mais un apprentissage qui peut vous faire du bien. Pourquoi ? En fait, beaucoup d’entre nous ont intériorisé des modèles de comment être, quoi ressentir et ne pas ressentir, qui ne sont pas en concordance avec ce qu’il se passe réellement dans leur paysage émotionnel intérieur.
Certaines filles ont par exemple été éduquées sans avoir le droit de se mettre en colère parce que ce ne serait « pas joli », ou des garçon de réprimer leurs pleurs car « c'est un signe de faiblesse, c'est pour les filles ». Pourtant les émotions sont universelles. Une fille peut ressentir de la colère, et un garçon peut être triste. Mais lorsqu’un garçon est conditionné à se mettre en colère lorsqu’il est triste, alors toute sa vie il ressentira de la colère sans pouvoir atteindre au fond de lui ce qu’il y a vraiment : de la tristesse. La colère devient alors une émotion écran. Et il y donc une confusion des émotions. Ainsi, des filles peuvent passer la majorité de leur existence à être triste alors qu’au fond d’elles une colère profonde est ancrée (qui prend de l’ampleur et ne demande qu’à sortir).
Ainsi, comprendre ses émotions ça s’apprend dés le plus jeune âge, c’est aux parents d’apprendre à leurs enfants que leurs émotions ils ont le droit de les ressentir et de les aider à les gérer. (Il existe de nombreux outils pédagogiques pour apprendre les émotions et le retour au calme aux enfants dés tout petit). Par exemple, lorsqu’on dit à un enfant « non il ne faut pas avoir peur », on lui dicte quoi ressentir. Si un enfant a peur il faut pouvoir accueillir et accepter ce qu’il ressent, mais aussi ajouter que malgré la peur qu’il ressent il est en sécurité et que vous êtes là pour lui.
De même, les parents qui sont dans une confusion de leurs propres émotions vont parfois exprimer leur peur pour leur enfant par de l’agressivité (est ce qu’eux même enfant ont eu l’autorisation d’avoir peur ?).
C’est pourquoi, adulte, que vous soyez parent ou pas encore, mais surtout pour vous même, il est important de reprendre du début ce que vous ressentez réellement à l’intérieur de vous. Ce que vous bloquez, de quoi vous vous défendez, et accepter et reconnaitre que chaque émotion est légitime car elle est la votre et qu’elle est là.
Pour commencer, vous pouvez essayer de noter sur un carnet les différentes émotions que vous traversez au cours de la journée : nommer ce qu’on ressent et les poser sur le papier aide à avoir un recul dessus. Je peux me sentir fragile, heureuse, légère, angoissée, curieuse etc…
Si vous n’arrivez pas à nommer des émotions car elles vous sont trop floues (c'est bien souvent le cas) essayez alors d’identifier ce qu’elles provoquent en vous, vos sensations : des frissons, une boule au ventre, du mal à dormir, du sourire, de la sérénité, une envie d’aller vers les autres etc…
Vos émotions doivent être observées sans jugement et acceptées car elles sont tout simplement là.
En faisant cet exercice vous apprendrez aussi peut être à distinguer vos émotions des émotions des autres. Car une fois qu’on reconnait ses propres émotions il est plus facile de les différencier des autres. Dans quel état émotionnel j’étais avant de rencontrer cette personne et dans quel état émotionnel celle ci m’a paru ? Il y a parfois une confusion entre les émotions des autres et ses propres émotions. Qu’est ce qui vient de moi ? Qu’est ce qui vient de l’autre ? On peut être impacté par celles des autres ou au contraire penser que dans une situation tout le monde réagit de la même manière et éprouve la même émotion, ce qui est faux.
Quand je vous parle de non jugement sur vos émotions, vous devez comprendre qu’il n’y a pas d’émotion positive ou négative. Il n’y a que des émotions qui sont agréables ou désagréables à ressentir. Et cela est bien différent car cela renvoie alors à votre vécu intérieur, à vous, et non aux autres et aux normes de la société. Par contre, parfois les émotions peuvent être adaptées ou inadaptées, par exemple on peut ressentir une sensation de peur dans un contexte où il n’y a aucun danger. Il faut alors se demander d’ou vient cette peur.
Dans tous les cas, ce n’est qu’une fois qu’on a pu accepter ses émotions qu’on peut travailler dessus et les apaiser. Si nous passons notre vie à les enfouir, pour répondre à ce que les autres ou nous même attendons de nous, nous ne toucherons jamais du doigt notre véritable sentiment intérieur et nous passerons notre vie à prétendre autre chose ce qui alimentera un mal être.
Nous pouvons parfois entendre dans des idées religieuses « il ne faut pas être en colère », « la tristesse c'est mal ». Il ne faut pas pour autant croire qu’il faut les écraser de manière « bête et méchante ». Il ne faut pas se mentir à soi même, et plutôt se dire « ok la tristesse elle est là, mais ce n’est pas agréable, alors je vais essayer pour aller mieux de travailler dessus, d’arriver à là connaitre et l’apprivoiser et non l’écraser et la nier pour quelle ressorte encore plus forte ». Vous voyez ce n’est pas parce qu’on a accepté une émotion qu’on accepte de la subir pour la suite, mais il faut y aller étape par étape et dans le bon ordre.
Les émotions enfouies et jamais entendues peuvent ressortir en symptôme corporel ou comportemental (chez le bebe, l’enfant ou l’adulte) et il est important de leur accorder la place qui leur revient en allant consulter un professionnel compétent dans le domaine (psychologue etc…) qui saura vous accompagner dans l’histoire de ces émotions et la votre.
Aussi, j’aimerais vous expliquer que finalement, personne n’est responsable de vos émotions à part vous. Elles vous appartiennent à vous et à vous seul. Pour illustrer cela j’aimerais finir sur une métaphore, celle de la bouteille :
Vous possédez une bouteille en verre, elle vous appartient vous en avez la responsabilité car c'est votre bouteille. Mais à l’extérieur de cette bouteille, juste en dessous il y a une allumette de craquée, qui peut allumer un feu. Est ce que pour autant vous aller laisser votre bouteille être sous pression ou vous allez essayer de calmer le feu ? Toute la journée il y a des allumettes qui craquent autour de nous, mais nous contrôlons notre bouteille et pouvons l’empêcher d’exploser.
J’espère que cet article vous éclairera et vous fera réfléchir. Prenez soin de vous.
Orilia Corchia - Psychologue clinicienne et psychothérapeute
orilia.korchia@yahoo.com