Ma contraception post accouchement : laquelle, quand et comment ?  par Ayala Cohen
Santé de la femme

Ma contraception post accouchement : laquelle, quand et comment ?

Vous venez d’avoir un bébé ? Mazal Tov !

C’est votre 2ème ou 3ème jour de post-partum, après 9 mois de grossesse durant lesquels vos pensées ont voyagé entre l’angoisse des échographies, le choix du prénom (ou pas encore !), la marque de la poussette, les rendez-vous chez la sage-femme, ou la prise de sang qu’il ne faut pas oublier… C’est justement à ce fameux deux ou troisième jour que la sage-femme toque à votre porte pour vous faire la classique visite de sortie, et évoque avec vous le retour à la maison. Et c’est justement à l’occasion de cette visite qu’elle vous posera cette question, tellement éloignée de vos pensées depuis plus de 9 mois, et dont votre corps sous une emprise hormonale des plus fortes, a souvent du mal à comprendre le sens : … ‘’avez-vous pensé à un moyen de contraception ?’’

‘’Evidement que non ! ’’ avez-vous envie de répondre.

C’est justement parce que la quasi majorité d’entre nous n’y pense pas en avance, et se retrouve dans une situation parfois délicate la veille du Mikvé, que j’ai décidé de rédiger un article qui se voudra le plus complet possible. Nous y aborderons les choix possibles de contraception, et le mode de prise de ces dernières selon les saignements si particuliers du post-partum.

Avant d’entrer plus loin dans les détails, il est particulièrement important de noter qu’après avoir accouché, notre corps de femme est non seulement plus fertile, mais en plus il n’est plus du tout réglé. Le fameux retour de couche, autrement dit, retour des cycles avec réapparition des menstruations, n’est pas annonciateur d’une future ovulation…mais d’une ovulation passée !

En post-partum (après un accouchement), les ovaires libèrent des ovules de façon spontanée et relativement anarchique.

Pour être plus terre à terre, je dirais plus simplement qu’une femme peut de nouveau être enceinte 6 semaines après son accouchement, et ce, qu’elle allaite son enfant ou pas.

C’est pourquoi, se poser la question de votre choix de contraception est primordial, et ce, avant d’être confrontée aux joies des suites de couche, où le corps bien fatigué peine à laisser le cerveau réfléchir et prendre des décisions rationnelles.

De façon très générale, il existe 2 moyens très généraux d’éviter une grossesse : les moyens mécaniques, et les moyens hormonaux.

En post-partum les techniques hormonales de contraception sont plus limitées. Cela s’explique par le fait que durant cette période, le corps connaît sa plus haute dose hormonale, et le risque de caillot sanguin est plus élevé. Ce risque est majoré par la prise de pilules contenant des œstrogènes.

C’est pourquoi lors de votre hospitalisation en suites de couche, la sage-femme évoquera avec vous la potentielle prise de pilule dite microdosée ou microprogestative. Cela signifie qu’elle ne contient pas d’œstrogènes et ne majore donc pas les risques encourus suite à une naissance. Elle se prend en continu, sans arrêt entre les plaquettes, et à heure fixe.

Par abus de langage, vous entendrez autour de vous des femmes parler de ‘’la pilule d’allaitement’’. Ce n’est pas à proprement parlé une pilule d’allaitement, mais plutôt une pilule de post-partum, adaptée à un corps qui a accouché. Or, il se trouve que certaines d’entre nous (mais pas toutes !) allaitent après la naissance de leur enfant, et décrivent alors cette pilule comme une pilule d’allaitement.

La plupart d’entre vous optent pour cette pilule, mais souvent, sans pour autant connaitre sa conséquence sur vos cycles, ni son mode de prise, et encore moins le moment opportun pour la débuter afin d’être sûre d’être protégée le soir du Mikvé.

Je préfère commencer en vous prévenant que votre façon de réagir à cette pilule microprogestative vous sera unique. Inutile de s’attendre à ce que votre corps réponde comme celui de votre meilleure amie qui ‘’n’a plus ses règles depuis 8 mois, quel bonheur !’’, ni comme votre tante qui l’a arrêtée parce qu’elle avait trop grossi, et pas non plus comme votre collègue au travail, qui vous la conseille sans même connaître votre historique médical.

En réalité, les réactions des organismes aux pilules microprogestatives se soldent par 3 possibilités, et impossible de savoir comment le vôtre réagira.

Un tiers des femmes seront en aménorrhée totale tout au long de la prise. Un second tiers aura ses règles de façon régulière, sans pour autant interrompre la prise. Enfin, environ 33% des femmes se verront dans une situation plus compliquée : la prise de cette pilule déclenchera un spotting (perte de tâches rouges-marronnées) sur toute la longueur du cycle, tous les jours, systématiquement. Outre le fait que des pertes vaginales constantes sont inconfortables, ces dernières posent également question pour les lois de Nidda. Je conseillerais aux lectrices d’EssentiELLE qui se reconnaitraient dans cette catégorie d’en référer à leurs Rav, qui sauront alors statuer selon les différentes situations. Bien entendu, il sera judicieux également de contacter votre sage-femme ou gynécologue afin qu’il ou elle vous accompagne dans l’adaptation de votre corps à cette nouvelle contraception. En effet, des solutions existent, et elles seront à déterminer avec un avis médical, selon votre histoire, et votre problématique.

L’implant et le DIU hormonal (que nous décrirons plus longuement dans un prochain article) contiennent les mêmes hormones que cette pilule, mais à l’inverse de cette dernière, ils sont plus compliqués à adapter aux lois de Nidda. Ce n’est évidement pas une règle universelle, et certaines femmes sous implant ne rencontreront aucune difficulté avec le Mikvé.

Les retours quasi inexistants que j’ai sur le vécu de l’implant installé en post-partum en lien avec la Nidda, m’empêchent malheureusement de vous en dire davantage, cette contraception étant trop peu adoptée dans notre communauté après l’accouchement. (Donc n’hésitez pas à contacter EssentiELLE si vous voulez témoigner !)

Qu’en est-t-il des méthodes mécaniques de contraception ?

De ce côté-ci, pas beaucoup de choix… Les préservatifs masculins et féminins n’étant pas autorisés par la Halakha (Loi juive), vous avez la possibilité cependant de poser un DIU au cuivre (plus communément appelé stérilet).

Il se posera au moins 4 semaines après votre accouchement, pour laisser le temps à l’utérus de retrouver sa taille d’abricot. Nous recommandons souvent aux jeunes accouchées de le faire poser après la rééducation du périnée, mais ce n’est pas une obligation. Il se pose pour une durée allant jusqu’à 5 ans, mais cela ne signifie pas qu’il doit être gardé 5 ans ! Les patientes le retirent dès qu’un nouveau désir de grossesse se fait ressentir.

L’avantage du stérilet en post-partum ? Il y en a plusieurs : aucune interaction avec vos hormones de grossesse, efficace dès la pose, et surtout, pas besoin d’y penser ! Parce qu’entre les nuits entrecoupées et la nouvelle organisation que demande l’arrivée d’un bébé, il est parfois difficile de se souvenir d’avaler sa pilule à l’heure…

Je vous laisse trouver tous les détails et toutes les informations nécessaires sur cette méthode contraceptive dans le dernier article publié (lien).


Et concrètement, que dois-je faire ?

Si vous avez accouché récemment (dans le mois passé), que cette naissance ait eu lieu par voie basse ou césarienne, la première étape est de prendre cette longue période de Nidda pour vous recentrer en tant que maman. Inutile de détecter la fin de vos saignements matins, midis et soirs, au risque de rentrer dans une pression qui ne vous sera pas bénéfique. Bien que cette période soit souvent émotionnellement difficile, elle peut devenir salvatrice si vous la considérez comme un temps de réparation pour le corps, qui vient, on se le rappelle, de remporter l’exploit de la vie.

Les saignements du post-partum se déroulent souvent de la façon suivante : les 3 premières semaines ils sont continus et ont tendance à diminuer avec les jours qui passent. Ensuite ils cessent, et toutes les femmes pensent pouvoir débuter leurs 7 jours de pureté…. Mais cette pause est quelque peu piégeuse : 1 semaine après, un nouveau saignement réapparait, qu’on appelle le petit retour de couche. Il n’est pas à confondre avec le réel retour de couche. En vérité, ce rebond de saignement est une phase de cicatrisation des vaisseaux utérins.

Vous l’aurez compris…ne soyez pas trop pressées, et laissez l’utérus - ce muscle super puissant qui a si bien travaillé - prendre son temps pour cicatriser.

Même s’il n’y a pas de temps fixé pour lancer le top départ du compte des Chéva Nekiim (7 Jours de Pureté), il me semble que 6 semaines est tout de même un minimum.

Ensuite, à vous de compter !

Si vous avez plutôt opté pour le stérilet, ce sera relativement simple. Il suffira de le faire poser avant votre Mikvé, et de préférence lorsque vous saignez encore. Je vous laisse de nouveau le lien du précédent article que j’ai rédigé à ce sujet pour avoir l’ensemble des informations. (lien article sur les DIU)

Si vous avez opté pour une pilule, il faut la débuter au minimum 7 jours avant le Mikvé, autrement dit le jour du Efsek Tahara. Je conseille souvent aux patientes de la débuter encore avant, afin d’éviter des tâches de début de pilule pendant les Chéva Nekiim. En effet, si vous la débuter avant le Efsek Tahara, voire même avec vos saignements du post-partum, le spotting que risque de déclencher la nouvelle prise de pilule n’impactera pas votre compte des 7 jours.

Pour être plus précise (je pense à toutes les mamans dont les bébés ont deux semaines et qui ont déjà lâché leur lecture au ‘’Mazal Tov !’’ du début) : commencer votre pilule entre 21 et 30 jours après votre accouchement, puis attendez que votre corps s’y habitue. Il est probable que vous ayez du spotting dans les 2 semaines suivantes. Soyez donc patiente… S’ils ne cessent pas, contactez un professionnel de santé, et s’ils s’atténuent, ainsi que vos saignements de post partum, tentez un Efsek Tahara 6 semaines après votre accouchement. N’oubliez pas le risque de blessure en post-partum, assez probable si vos saignements ne s’expriment pas en flux, à la différence des règles, et sont rouge vif. L’avis d’un Rav pourra alors vous être bénéfique, ainsi que le recours à l’expertise d’une Bodeket Tahara.

Que se passe-t-il si mon Mikvé est dans 2 jours, mais que je n’ai pas débuté ma pilule ?

Vous ne serez pas la première ni la dernière dans ce cas… en effet, comment penser à ces petits comprimés lorsque dans la même semaine que votre Mikvé vous avez eu le premier rendez-vous pédiatre, la visite de toute la belle famille, la machine à laver qui a rendu l’âme, et le premier sourire adressé de votre nouveau-né ?


Il existe des solutions. Certes, elles ne sont pas idéales, mais elles dépannent.

Vous avez la possibilité de recourir aux ovules, à condition que vous soyez minimum à 42 jours de votre post-partum. Les ovules font parties des méthodes dites locales de contraception. L’ovule se place au fond du vagin au moins 5 minutes avant le rapport (bonjour la spontanéité !), et il est nécessaire d’attendre sa fusion complète afin que le principe actif qui a pour but de détruire la membrane des spermatozoïdes soit libéré en totalité.

Selon le type d’ovule prescrit, les indications d’utilisation ne sont pas les mêmes. C’est pourquoi je ne m’attarderai pas davantage sur la description de ce contraceptif, et vous invite à contacter votre professionnel(le) de santé. Je préciserai simplement que les ovules sont une méthode peu efficace de contraception. C’est donc plutôt la bande d’arrêt d’urgence que la voie rapide sur la route de la contraception.

Pas d’inquiétude, je ne t’ai pas oubliée, chère catégorie de femmes qui ne supportent plus la pilule microprogestative, qui a déjà tenté il y a 3 ans le stérilet et ‘’plus jamais !’’ ou qui n’a pas du tout envie de l’essayer. Et bien, en respectant un certain délai post-accouchement, vous pouvez tout simplement repasser à une pilule classique oestro-progestative. Quelles sont les conditions ?

- Si vous n’allaitez pas, et que votre médecin ou sage-femme ne contre-indique pas chez vous la prise de ce type de pilule, elle pourra être débutée au bout de 6 semaines (42 jours).

- Si vous allaitez, la prise d’œstrogènes peut altérer la qualité du lait, et ce, pendant les 6 premiers mois. Il est donc possible si votre allaitement dure depuis plus de 6 mois, et que vous aimeriez arrêter la pilule microdosée, de l’abandonner pour une oestroprogestative, sous réserve bien entendu de l’absence de contre-indications. (Je ne le répéterai jamais assez, mais la prescription de ces contraceptifs nécessite une consultation médicale exhaustive). Vous ne perdrez ni en qualité, ni en quantité de lait.

Et voici l’EssentiEL(LE)) en bref pour toutes celles d’entre vous qui auront trouvé cet article trop long :

- Les deux principales méthodes possibles et compatibles avec les lois de Nidda en post-partum sont la pilule microprogestative et le DIU au cuivre. L’implant peut également être envisagé.

- L’allaitement maternel n’est PAS une contraception fiable, même s’il est exclusif, et qu’il respecte toutes les conditions que vous avez lues sur internet concernant la méthode MAMA…

- Il est possible au bout de 42 jours de passer à une pilule oestro-progestative (évidement après avis et prescription médicale) si votre enfant n’est pas au sein. En cas d’allaitement maternel, on attendra 6 mois afin de ne pas entraver la qualité ni la quantité de lait.

- La pilule (quelle qu’elle soit !) est toujours à débuter minimum 7 jours avant votre Mikvé afin de lui laisser le temps de mettre en place l’effet contraceptif. Pour les plus enhardies d’entre vous, on appelle cette mise en place la mise au repos de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Ensuite, les plaquettes sont à prendre selon le mode indiqué par la notice.

- En cas de spotting, ne pas se déclarer Nidda, mais interroger son Rav, puis contacter une sage-femme ou un gynécologue qui pourra vous aider à adapter la prise de votre pilule (des techniques existent, mais je n’en dirais pas plus… pas tous les secrets ne peuvent être si rapidement dévoilés !)

- La prise de pilule en post partum ne diminue pas les chances de concevoir par la suite (idée reçue particulièrement encrée dans les mentalités). En revanche, elle augmente les chances de se reposer !

- Les blessures (du col, ou du vagin) sont fréquentes après un accouchement. Si votre Rav le suspecte, il pourra vous orienter chez une Bodeket Tahara, qui s’assurera alors de l’origine du saignement, par la présence ou non d’une plaie.

- Enfin, voici un dernier conseil aux lectrices qui attendent un enfant : réfléchir dès maintenant à la contraception ! Vous débattrez plus tard du prénom …


Note importante :

Cet article a pour objectif d’informer les femmes, et ne prend pas en compte un historique médical en particulier. Il vous permet d’avoir des informations globales sur la contraception du post-partum, mais ne fait en aucun cas office ''d’ordonnance'' ou de diagnostic.

Les données rédigées sont en adéquation avec les recommandations officielles de la HAS (Haute Autorité de Santé) que vous pourrez retrouver sur Internet.

Il est important de toujours se référer à votre médecin ou sage-femme pour choisir, prendre ou modifier une contraception.

Vous avez aimé ? N'hésitez pas à partager !

1 Commentaire(s)
    • hanest28@hotmail.fr
    • 21 Fév. 2023

    Merci beaucoup pour cet article! J'aimerais savoir svp si le stérilet une fois posé ne provoque pas beaucoup de saignement. Dans le long terme... C'est ce que j'avais entendu.. De votre expérience combien de temps après la pose y a t'il de saignements svp?

Laisser un commentaire

Pour laisser un commentaire, n'hésitez pas à télécharger l'application essentiELLE.

Télécharger essentielle sur l'AppStore de Apple
Télécharger essentielle sur le PlayStore Google Android
Retrouvez la biographie de Ayala Cohen sur essentiELLE
Ayala Cohen

Ayala Cohen est étudiante sage-femme ainsi que Bodeket Tahara, formée et diplômée par le Rav Yossef Loria.

Diplômée en Oraa (enseignement) par le séminaire Ofakim dans lequel elle a étudié deux années, elle a également été formée à l'accompagnement des enfants en difficulté scolaire.

Une licence de biologie lui a permis d'intégrer le collège-lycée de Beth Aaron où elle a occupé le poste de professeur de SVT.

Après avoir obtenu le concours de médecine, et ayant à cœur la santé de la femme et de l'enfant, elle intègre une école de sage-femme.

À travers ses différents stages hospitaliers, et l'enseignement transmis par ses professeurs, elle partage aujourd'hui des articles concernant la santé de la femme dans sa vie gynécologique et obstétricale (la grossesse).

En effet, sa formation de sage-femme lui permet de vous partager ses connaissances allant de la contraception à la grossesse ainsi que les sujets touchant la périnatalité.

La sage-femme accompagne la femme de sa puberté et jusque sa ménopause, tout en répondant à une demande médicale et psychologique autour de son devenir mère.

 

Ces sujets, bien que trop peu abordés, sont pourtant absolument essentiels.

Facebook essentiELLE
Rubriques
Inscrivez-vous à notre Newsletter

Inscrivez-vous gratuitement pour être tenus informés des nouveaux articles d'essentielle.